Nous réunir autour de la pensée critique de l’enfant prend tout son sens dans les turbulences d’une société fragilisée par la violence et le dogmatisme. Violence du verbe et des actes, dont l’antisémitisme révèle le malaise. L’école juive est doublement concernée par ce qui touche aux valeurs de la démocratie et du pluralisme. Que signifie le choix de l’école juive aujourd’hui ?

Quels impacts ont sur l’esprit des enfants les évènements en Israël et la montée de l’antisémitisme en France ? Comment résoudre le défi de concilier l’identité juive, l’hébreu, les traditions, les valeurs de la Torah et l’amour d’Israël avec le savoir-être citoyen et les valeurs de la démocratie ?

L’esprit critique, le « courage de la nuance », pour reprendre le titre du livre de Jean Birnbaum, l’art de la discussion se noient dans la violence des images, l’immédiateté pulsionnelle, les clivages idéologiques, sur le modèle de la fascination de la foule qui supprime chez l’individu la possibilité d’une pensée créative et personnelle.

Soutenir la pensée critique de l’enfant est un enjeu de taille. L’enfant, dès son plus jeune âge, est un être de langage. Accueillir sa pensée naissante, ses curiosités, ses « pourquoi », ses oppositions, sa créativité est un enrichissement de tous les instants pour les parents et les pédagogues.

Accompagner les questionnements spontanés des enfants sur leurs perceptions, leurs émotions et sur eux-mêmes comme sur le monde qui les entoure, est une tâche passionnante et une responsabilité.

Conduire l’enfant, dépendant de l’adulte, vers l’acquisition de son autonomie de pensée et d’agir et de sa liberté de choix, n’est-ce pas le but premier de l’éducation ? Comment favoriser le libre-arbitre de l’enfant au-delà des déterminismes ? Comment l’accueillir comme une personne, accueillir ses questions, ses étonnements ? Comment la transmission des savoirs développe la construction de son identité ? Comment notre vision de l’école peut-elle identifier les richesses et les limites des intelligences artificielles et leur complexité ?

Comment l’école juive peut-elle puiser dans les textes de la tradition, ses valeurs et ses éclairages pour le présent de l’enfant et comment aujourd’hui tenir compte des sujets bouleversants qui traversent la société et la famille, tout en préservant la simple tranquillité d’apprendre ?

Nous restons convaincus que l’école est le lieu de rencontres rassurant où la relation pédagogique donne le ton et l’ampleur de bases solides pour l’Enfant.

Éducateurs, rabbins, pédagogues, psychologues, psychanalystes et sociologues réfléchiront ensemble. Comment agir maintenant ? Comment intervenir avec justesse, se concentrer sur notre devoir de transmission, sur notre souci permanent d’éclairer l’Enfant sur son présent.